Le retour du TAX MAN ???? mais avec les BEATTLES (07 mars 2014)

tatcher1.jpg Là ou il y a le doute il faut mettre la foi
Mrs TATCHER

Le Royaume-Uni avant Thatcher

Quand elle a pris ses fonctions de Premier ministre, le Royaume-Uni était frappé depuis une décennie par une grave crise économique, sociale, politique et culturelle avec, entre autres, 30 millions de journées de grève en 1979. Le gouvernement tory d'Edward Heath avait entrepris une politique réformatrice vite abandonnée et caractérisée par ses « U-turns » (volte-face) permanents. Le gouvernement travailliste d'Harold Wilson est élu en 1974 avec une majorité relative et doit s'allier pour former des majorités fragiles ; la situation est marquée par une ambiance d'instabilité et de déclin1.

L'interventionnisme est à l'ordre du jour avec de nombreuses nationalisations et 29,3 % de la population active employée dans le secteur public2. La fiscalité est élevée : la tranche marginale d'imposition sur les revenus du capital est alors de 98 % et celle sur les revenus de 83 %2. Ainsi, en 1966, The Beatles sortent une chanson intitulée Taxman dans laquelle ils dénoncent cette fiscalité qui les impose au taux marginal de 96 %3. Le collecteur qui intervient dans la chanson demande à être félicité pour leur laisser 5 % de leurs revenus et promet de tout taxer.

THE TAX MAN by the BEATTLES 
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La situation économique est telle que le pays est surnommé « l'homme malade de l'Europe » et certains économistes se demandaient si l'on n'assistait pas à un phénomène de retrodevelopment (« développement inversé »), par lequel l'ancien « atelier du monde » serait en train de prendre la voie du sous-développement4.

 Les nationalisations se multiplient et le chômage passe de 2,6 % en 1974 à 8,1 % en 1979. L'économie britannique se désindustrialise de plus en plus. L'inflation croit encore, passant de 9 % par an sous le gouvernement conservateur à 15 % par an sous le gouvernement travailliste5. En 1976, le gouvernement doit demander un prêt de 4 milliards $ au FMI. Le rejet de l'austérité salariale par les syndicats de fonctionnaires débouche sur l'« hiver du mécontentement ». Il choque l'opinion publique britannique et prépare le succès du discours radical de Margaret Thatcher6.

bilan économique

Elle laisse à son départ une situation économique « assainie17 », qui peut être caractérisée par quatre éléments : une baisse forte de l'inflation, une croissance importante, une réduction du rôle de l'État et un chômage qui, malgré la baisse à partir de 1983, reste relativement élevé18. L'inflation atteint des niveaux élevés au début de son mandat puis diminue fortement pour atteindre 4,5 % en 1983 et remonter à 8 % en 1990, avec les tensions sur le marché du travail et des salaires en hausse de près de 10 %19. Allant plus loin que les monétaristes, elle refuse tout déficit du budget gouvernemental et reprend la position de son mentor, Keith Joseph, qui déclarait en 1976 que « le monétarisme ne suffit pas ».

La période Thatcher a été marquée par des débuts difficiles en termes de croissance économique avec deux années de récession, corollaire de la politique monétaire alors mise en place. En 1980, Milton Friedman, inspirateur de la politique monétariste menée par la Banque d'Angleterre, écrivait ainsi : « la croissance lente et le chômage élevé sont les effets secondaires d'une cure [contre l'inflation] en passe de réussir »20. La croissance augmentera ensuite régulièrement durant les années 1980 pour atteindre un pic de près de 5 % en 1988 et une moyenne de 2,8 % de croissance annuelle. La forte croissance de l'économie britannique des années 1990 et 2000 (2,8 % par an entre 1997 et 200621) doit beaucoup aux réformes structurelles, en particulier à celles touchant le fonctionnement du marché du travail21 ; les réformes structurelles comme l'Employment Act de 1982 ont permis de simplifier les procédures et d'accélérer la résolution des conflits : en 2005, le contentieux moyen après un licenciement durait 4 semaines contre un an en France21. La forte hausse de la productivité permet également de combler le retard vis-à-vis de la RFA et de la France et de le réduire avec les États-Unis22. Les équilibres extérieurs restent néanmoins fragiles avec un déficit de la balance commerciale de 23,1 milliards £ en 1988 et une baisse de la part du Royaume-Uni dans le commerce mondial à 5,5 %, corollaire de la désindustrialisation qui se poursuit.

Le rôle de l'État a été également réduit de façon notable : la part du secteur public dans l'emploi diminue fortement au profit des emplois dans le secteur privé et de 10 % du PNB en 1979, le secteur public passe à 5 % 10 ans plus tard23. La part des subventions distribuées par le Department of Trade and Industry passe d'1,8 % du PIB en 1978 à 1,2 % en 198824. Au total, les privatisations rapportent 31 milliards £25. Les impôts sur les ménages et sur les entreprises ont été également réduits. La tranche marginale de l'impôt sur le revenu passa par exemple de 83 % à 60 puis 40 %, ce qui entraina une hausse des recettes fiscales d'1,2 milliard £ en 1985-1986, vérification empirique de la courbe de Laffer24. L'impôt sur les sociétés passe de 53 à 33 %.

Le marché du travail a enfin connu des évolutions mitigées : la population active employée est passée de 25,3 millions à 26,9 entre 1979 et 1990, avec un creux de 23,5 millions en 198326. Le chômage monte d'abord fortement jusqu'à 12 % de la population active en 1983 avant de redescendre à partir de 1986 jusqu'à 5,8 % en 199026. La désindustrialisation entamée dans les années 1970 s'est poursuivie sous son gouvernement : de 1966 à 1980, la main d'œuvre industrielle avait baissé de 2 millions, soit la même évolution qu'entre 1980 et 199027. Parallèlement, le secteur des services se développe très rapidement et crée 1,4 million d'emplois entre 1983 et 198828 ; la City profite des mesures de libéralisation financière de 1979 et surtout du « Big Bang » de 1986 pour s'imposer comme première place financière d'Europe. Il faut également noter qu'au début des années 1980, le nombre de bénéficiaires de pensions d'invalidité était d’environ 700 000 ; ce chiffre a doublé pour s'établir à 1,5 million en 1990, contribuant en partie à faire baisser le taux de chômage29.

 

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