La question des retraites en France par Hervé Boulhol (OCDE): (09 octobre 2018)

retraites.jpgHervé Boulhol (OCDE):
«L’âge d’or des retraites touche à sa fin en France»
 

Nous reprenons la position technique publiée par l’opinion 

Prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu :
 peu d’avantages et beaucoup d’inconvénients
(OFCE)

Hervé Boulhol est responsable retraites et vieillissement démographique à la direction de l’emploi et des affaires sociales de l’OCDE. 

Le montant des prélèvements obligatoires des retraites représente  6% DU PIB
(121 MM€ en 2015  (lire le dossier  INSEE ) 

La situation des retraités français, actuellement très avantagés, va se normaliser. L’âge effectif de départ à la retraite va progressivement s’allonger et les pensions baisser

 

Les retraités français sont-ils favorisés ?. 1

Comment expliquer cette situation ?. 1

Cet âge d’or va-t-il s’arrêter ?. 1

Quel facteur principal justifie cette normalisation ?. 2

Les pensions vont donc baisser ?. 2

Vous dites que la situation du futur retraité français reste enviable ?. 2

 

Les retraités français sont-ils favorisés ?

Je n’irai pas jusque-là, mais le système français leur offre aujourd’hui une excellente protection. En effet, la France est dans une situation assez exceptionnelle. Les Français quittent le marché du travail en moyenne à 60,2 ans, contre 64,3 ans dans l’ensemble de l’OCDE. Par ailleurs, le niveau de vie des retraités actuels est bien supérieur à celui des générations passées. De plus, la France est le seul pays avec le Luxembourg où le revenu moyen des plus de 65 ans est légèrement supérieur – de près de 3 % – à celui de l’ensemble de la population. En moyenne dans les pays de l’OCDE, les revenus des retraités sont en retrait de 12 % par rapport à l’ensemble de la population.

Comment expliquer cette situation ?

Elle est née du décalage entre le constat économique et la réaction politique. Il y a eu un temps de latence d’au moins quinze ans. L’évolution démographique était connue depuis longtemps, mais il a fallu attendre les années 1990, pour qu’il y ait de vraies mesures de correction. La situation économique était compliquée en 1980 avec la montée du chômage. Mais en plus, des erreurs majeures ont été commises avec les préretraites à partir des années 1970 et la baisse de l’âge de la retraite de 65 ans à 60 ans au début des années 1980. D’autres pays européens l’ont fait, mais jamais dans de telles proportions. Les décideurs politiques retardent souvent la mise en place de mesures correctrices, en général très impopulaires, jusqu’à se retrouver parfois acculés. La génération des retraites dorées a profité de ce temps de réaction politique.

Cet âge d’or va-t-il s’arrêter ?

Oui. La situation de la France va se normaliser, avec des retraités qui, en 2040, percevront des revenus à hauteur d’environ 90 % de ceux du reste de la population d’après les prévisions du Conseil d’orientation des retraites, revenant donc dans la moyenne actuelle des pays de l’OCDE.

Quel facteur principal justifie cette normalisation ?

La démographie et le marché du travail. Actuellement, la France reste le pays de l’OCDE ayant l’espérance de vie à l’âge moyen de sortie du marché du travail la plus élevée, à plus de 25 ans, soit cinq ans de plus que la moyenne de l’OCDE, ce qui pèse financièrement sur les régimes de retraites. Il faut ajuster sans cesse leurs paramètres à ces changements démographiques.

Les pensions vont donc baisser ?

Les vingt-cinq années de réformes de retraites en France ont corrigé les choses et ont amélioré la viabilité financière. Pour un même parcours professionnel donné, le niveau de la pension entre un retraité d’aujourd’hui et une personne qui prendra sa retraite dans 40 ans, va baisser d’environ 12 % par rapport au dernier salaire. Le taux de remplacement (part de la pension nette par rapport au dernier salaire net) futur ne sera plus que de 74 % de son dernier salaire d’après les estimations de l’OCDE.

Vous dites que la situation du futur retraité français reste enviable ?

Oui. L’âge normal de départ à la retraite, même s’il va croître en France, devrait néanmoins rester inférieur de plus d’un an et demi à la moyenne de l’OCDE en 2060. Par ailleurs, le taux de remplacement net futur après une carrière complète au salaire moyen dans le secteur privé est supérieur à la moyenne des pays de l’Union européenne et de l’OCDE, à 74 %, contre respectivement 71 % et 63 %.

 

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